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Jeux paralympiques 2024 : « Quand tu es réfugié, il faut en faire dix fois plus que les autres »

« Quand je suis arrivé en Grèce et que j’ai pu refaire du sport, c’était une renaissance », admet, encore ému, Ibrahim Al Hussein. Membre de la délégation paralympique des réfugiés, il s’apprête à concourir, dimanche 1er septembre, lors de l’épreuve de para triathlon (dans la catégorie PTS3, réservée aux athlètes atteints de troubles de la coordination modérés d’un côté du corps ou ayant une absence de membre) aux Jeux paralympiques de Paris.
La vie de ce Syrien originaire de Deir ez-Zor, installé depuis 2014 à Athènes, a basculé en 2012. Alors que le conflit syrien fait déjà rage depuis un an dans le pays, le jeune homme se précipite pour sauver un ami visé par les tirs d’un sniper. Une bombe explose à quelques mètres de lui et le prive définitivement du bas de sa jambe droite. « Dans le chaos de la guerre, seul un dentiste était disponible pour essayer de me soigner et de guérir mes plaies, mais il n’avait pas le matériel nécessaire… J’ai su à ce moment-là qu’il fallait que je parte pour réussir à me reconstruire », explique l’athlète aujourd’hui âgé de 35 ans. Sa famille avait déjà fui les rives de l’Euphrate, mais lui avait hésité, devant faire son service militaire et craignant d’être persécuté s’il désertait.
Fin 2012, il entreprend un voyage périlleux jusqu’en Turquie. Pendant plusieurs mois, le jeune homme parcourt les hôpitaux du pays dans l’espoir de pouvoir marcher de nouveau. « Mais je n’ai pas réussi à obtenir l’aide nécessaire, je me déplaçais encore en fauteuil roulant, et je n’ai pas trouvé d’orthopédiste qui me propose une prothèse adaptée », se souvient Ibrahim Al Hussein.
Le 27 février 2014 – « ce jour reste gravé à jamais dans ma tête », confie Ibrahim Al Hussein –, il embarque près de la ville d’Izmir, en Turquie, dans un canot avec d’autres exilés pour rejoindre l’île grecque de Samos. Avec l’aide de bénévoles et de compatriotes rencontrés dans le camp de Samos, Ibrahim Al Hussein arrive rapidement à rejoindre Athènes. Mais sans moyens, perdu dans la capitale grecque, il passera quatorze jours dans la rue.
Puis un jour, un Syrien installé en Grèce depuis vingt ans le présente à un chirurgien orthopédiste. « Il m’a sauvé, il a payé plus de 12 000 euros pour me fabriquer une prothèse, pour que je puisse réapprendre à marcher et retrouver une vie normale. Je ne serais pas ici aujourd’hui, à participer pour la troisième fois à des Jeux paralympiques, s’il n’avait pas eu ce geste d’une grande humanité », raconte le sportif, qui a déjà participé en para natation aux Jeux de Rio (2016) et de Tokyo (2021).
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